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Mon parcours - Le récit de mon burn out
Qui suis-je ?
Je suis Lucie, j'ai 38 ans, je suis mariée et suis maman de deux enfants de 9 ans et 7 ans.
J'ai une formation d'infirmière, métier que j'ai exercé pendant 12 ans.
3 ans après avoir commencé mon premier poste dans un service de médecine générale, j'ai vécu un 1er épuisement professionnel à cause d'une grosse charge de travail.
1 puis 2 burn out...
J'ai démissionné et passé 1 an à expérimenter divers secteurs de soin : convalescence de nuit, médecine et chirurgie en clinique privée à but lucratif, laboratoire, Ehpad, Hospitalisation À Domicile.
J'ai assez vite signé un CDI en Ehpad et je me suis mise en couple, puis j'ai donné vie à mes 2 enfants. Les 7 années qui ont suivi ont été faites, comme est faite la vie, de grosses épreuves et de bonheurs tant sur le plan professionnel que sur le plan privé.
Puis est arrivé le second burn out.
Un vrai.
Un profond.
Un violent.
Un destructeur.
La chute
En y pensant à postériori, je crois que je savais qu’il y avait un problème. Cela faisait quelques années que je me disais que je devrais changer de boulot. Mais les jours, puis les semaines et les mois passaient sans que je ne réussisse à partir, ni même à chercher autre chose.
Et puis un jour je crois que j’ai baissé les bras, et je suis allée au travail pour gagner ma vie, et parce qu’au moins je savais ce que j’avais et ce que je risquais de perdre.
Est-ce que quelqu’un m’a prévenu que j’étais en train de m’épuiser ? Je ne sais pas. Et de toute manière, je ne l’aurais sans doute pas cru.
Alors j’ai continué, en m’oubliant. Les symptômes se sont enchaînés, puis accumulés : lassitude, démotivation, repli sur moi, perte d'investissement, céphalées, difficulté à mémoriser, douleurs d’estomac, mâchoire qui se bloque, lumbago, fatigue continue, irritabilité… Et puis j’ai ramené tout cela à la maison, et cela a impacté mon couple et ma relation avec mes enfants.
J’ai plusieurs fois pensé que des week end ou des vacances m’apporteraient le recul et le repos tant espérés mais le compte à rebours était enclenché.
"Si je craque, ce n'est pas parce que je suis faible, mais parce que j'ai été trop longtemps trop forte."
Jusqu’à un lundi matin.
Ce lundi 22 avril 2019.
En me forçant à descendre, presque à reculons, les escaliers pour aller déjeuner puis partir au travail, je suis descendue en même temps vers ce que je visualise comme un puits.
J'ai effectué tant bien que mal la dernière semaine de ma vie d'infirmière. Une fatigue physique intense. Des douleurs musculaires. Des vertiges chaque fois que je me redressais après un pansement ou une prise de sang. Les yeux qui se refusaient à rester ouverts alors même que mon corps s'activait. L'incapacité d'analyser les situations et d'agir. Et le café que je me forçais à avaler pour tenir et ce malgré mon aversion.
Et tout s'est arrêté :
La dépression, qui s'est ajouté à l’épuisement et qui s’est accrochée à moi comme une mauvaise compagne.
L'hospitalisation en psychiatrie pour me protéger de moi-même.
Six semaines durant lesquelles j’ai pris conscience que la psychiatrie n'est pas un univers de « fous », mais de malades. En tant que soignante, j'avais encore des préjugés !
Une infirmière a trouvé les mots pour me rassurer, en me disant que si je craquais, ce n'était pas parce que j’étais faible, mais parce que j'avais été trop longtemps trop forte.
[...]
Après tout, je me ferais soigner si j'avais une fracture, un diabète, un asthme. Et je ne me cacherais pas si je voyais un médecin spécialisé dans un problème somatique.
La traversée
Un jour après l’autre, un progrès après l’autre, un petit pas après l’autre, je suis sortie de mon puit en m’appuyant sur les personnes qui sont en haut, sur la terre ferme, les pieds bien ancrés au sol et qui me lançaient des cordes pour m'aider à remonter : mon mari, mes enfants, les soignants en psychiatrie, ma psychologue, mon médecin traitant.
Grâce aussi, et c'est très important, à ceux présents aussi dans le puits : les autres patients en psychiatrie, et mes « potes dépressives ». Les échanges avec celles et ceux qui traversent la même épreuve m’ont permis de parler à cœur ouvert, car j’étais vraiment comprise. J'ai eu la chance de rencontrer et de pouvoir compter sur de belles personnes.
Grâce enfin à tout ce qui a pu m'aider, et m'aide encore, à tenir debout : les antidépresseurs et les anxiolytiques, mais aussi la luminothérapie, le yoga, l’écriture, la méditation, la sophrologie, la reprise de la lecture, la thérapie animale...
Malheureusement, dans les maladies psychologiques, très peu de choses sont prises en charge.
Il faut se renseigner soi-même, demander, réclamer, justifier, et payer de sa poche une grande partie de la thérapie et partir au combat pour faire face aux administrations : CAF, CPAM, MDPH, CARSAT, médecine du travail, expertises médicales, assurances., etc.
Nous avons un système très protecteur et généreux, mais quel labyrinthe !
Je ne parviens pas à assumer seule tout cela.
J'ai perdu toutes les capacités que j'ai poussées jusqu'au bout : hypervigilance, patience, sens de l'observation, capacité à anticiper, déduire, planifier, faire beaucoup de choses en même temps. Je n'arrive plus non plus à faire des choix.
J’ai perdu beaucoup, mais j’ai gagné encore plus.
J’ai gagné la possibilité de ralentir et même de m'arrêter, quand je vois tout le monde autour de moi le nez dans le guidon, en train de courir.
J'ai enfin des priorités et le travail n'en fait pas partie. Je ne comprends plus cette société dans laquelle il faut avoir un travail, gagner de l'argent pour pouvoir en dépenser.
La vie c'est pas ça.
La vie c'est respirer, regarder, écouter, sentir, toucher, communiquer, aimer.
Extrait de mon récit publié dans "A s'en brûler les ailes" aux éditions Dire le Travail et réédité sous le titre "Réussir son burn out" aux éditions Erès.
Renaissance
Il m'a fallu 3 ans, du temps, de la patience, de la force et de l'aide pour sortir du gouffre.
J'en garde encore d'ailleurs des séquelles : fatigue chronique, difficultés de mémorisation, fragilité émotionnelle.
Et comme après toutes les épreuves que j'ai endurées au long de ma vie, j'en suis ressortie changée et grandie, apaisée et en paix.
D'un point de vue professionnel, après une longue prise de recul et 2 bilans de compétence, j'ai compris qu'il m'était dorénavant nécessaire de trouver une autre voie que celle qui était jusqu'à présent toute tracée.
Ma force est mon vécu et ma capacité de résilience.
Ma force aussi est de maintenant connaître mes limites, mes envies et ce que je ne veux plus.
Ma force est enfin mon caractère, en même temps timide et sûre de mes choix, douce et intransigeante, fragile et forte.
Je suis un tout, faite de bien des contradictions, mais je les connais et les accepte.
J’ai décidé d’utiliser mon parcours et mes expériences de burn out pour transmettre des outils et prévenir autour de ce sujet.
J'espère d'ailleurs que mon témoignage permettra à celles et ceux qui l'ont lu de mieux comprendre le burn out et à celles et ceux qui se reconnaîtront dans mon écrit de se sentir moins seuls.
Transmettre & panser les plaies de l'âme
Faisant partie d’un groupe de parole de la Carsat Normandie, j'ai rencontré d'autres femmes ayant vécu elles aussi des situations d'épuisement professionnel, et nous avons décidé d'écrire nos récits respectifs et de sortir du secret en rédigeant un livre collectif “A s’en brûler les ailes”, publié en 2021 et réédité en 2022 sous le titre “Réussir son burn out” aux Editions Eres.
Nous avons par la suite créé une association dédiée aux personnes vivant ou ayant vécu une situation de souffrance au travail, en leur proposant des ateliers pour pouvoir échanger autour de cette thématique et amorcer un pas en avant.
J'ai maintenant suffisamment avancé, et je ressens le besoin de sortir de ces expériences collectives, et de reprendre une activité professionnelle qui me permettra de continuer à vous transmettre des outils et prévenir les risques psycho-sociaux.
Les lunettes PSiO® couplant luminothérapie et audio ont été un des piliers de mon rétablissement.
Je me suis rendue compte que j'avais entre les mains un outil qui pouvait me permettre de rester en relation avec le milieu professionnel que j'avais quitté - l'Ehpad - tout en utilisant des compétences acquises grâce au métier que j'exerçais jusqu'alors - infirmière - et en proposant une solution de prévention du mal être au travail.
Couplée à la relation d’aide, l’idée a alors germée : proposer à la direction des établissements médico-sociaux d’offrir à leurs salariés un accompagnement qui leur permettra de diminuer l’épuisement des équipes, les arrêts maladies, le turn over grâce à la relation d’aide et aux lunettes de luminothérapie + audio.
Mes valeurs
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Famille
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Amour
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Douceur et bienveillance
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Ouverture d’esprit
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Humour
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Curiosité
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Conscience écologique
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Éthique
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Cohérence
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Complétude
Mes principales expériences et compétences
Mon expérience :
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Infirmière 3 ans en médecine générale et gériatrique à la Fondation de la Miséricorde de Caen, durant lesquelles j’ai suivi les formations :
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Savoir-être et savoir-dire pour aider le patient et sa famille,
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Réagir et faire face aux troubles du comportement des patients hospitalisés et des personnes âgées ou vieillissantes,
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Prévenir les conflits,
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Prévention des chutes.
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Remplacements infirmiers multiples : service de soins de suite et de réadaptation de jour et de nuit, en chirurgie dans une clinique privée, dans des Ehpad, en laboratoire, en hospitalisation à domicile.
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Infirmière 8 ans en Ehpad, durant lesquels j’ai suivi les formations :
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Soins Palliatifs,
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Plaies et cicatrisations et Gestion des troubles du comportement dans la démence.
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Je suis aussi bénévole au Secours Populaire depuis 1 an.
Mes compétences :
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Sens de l'observation et de la synthèse
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Ecoute active
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Expérience du burn out et de l’épuisement au travail
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Connaissance et expérience des différents programmes PSiO®
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Capacité de transmission
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Sens de l'organisation et des responsabilités
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Travail d’équipe
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Priorisation
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Gestion du stress
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Prévention des conflits
Vous ressentez le besoin de discuter avec moi de votre épuisement professionnel ?